mardi 1 octobre 2013

Cinéphile anglophile



Ça y est, je suis en recherche intense de nouveaux clients. Ça me fait peur; le processus de recherche d'emploi a toujours été difficile à vivre pour moi. Même si ça a toujours bien été, j'ai l'impression très irrationnelle de déranger... Je sais que c'est absurde et j'en ai eu la preuve avec toutes les réponses positives
que j'ai reçues.

Enfin, tout ça pour dire qu'en même temps que je « spam » mon offre de service partout où je peux, j'écoute des émissions sur Internet. Je me suis récemment réabonnée à Netflix et j'en suis plutôt satisfaite jusqu'à présent. Non seulement je peux me gaver de Family guy à perpétuité, mais je découvre de nouvelles séries, notamment celles produites pour Netflix : Arrested development, House of cards, Orange is the new black, et mon coup de cœur de l'année, Hemlock grove. Même si je ne suis pas une « fan » d'Eli Roth (à part pour le bear jew d'Inglorious Basterds), j'ai été totalement captivée par cette nouvelle série dont il est le producteur. Étrange est la meilleure façon de la décrire. Et pourtant, ça reprend des personnages et un style assez surutilisés : des loups-garous, du fantastique et des meurtres, comme on en voit tant avec tous les True blood, Twilight et cie. Et c'est ce qui rend cette série si palpitante, c'est qu'elle ne tombe pas dans le déjà vu comme les autres. L'ambiance, la photographie et la musique sont vraiment intéressantes et les personnages totalement intrigants. Une série à voir pour les adeptes d'horreur (ça reste que c'est produit par Éli Roth, donc un peu de gore et de sexe par moments) et de fantastique.

À cause de l'automne et de l'approche de l'Halloween, j'ai vraiment envie d'horreur, alors en plus d'Hemlock grove, je me suis payée un petit tour au cinéma pour voir Insidieux chapitre 2. Je n'ai pas été déçue encore une fois, à part par le fait qu'il n'était pas en anglais dans la région de Québec. Et on touche au cœur de mon blogue aujourd'hui : la traduction au petit et au grand écran. Ça fait un bon 10 ans que je suis pratiquement allergique aux traductions pour plusieurs raisons : 1) quand je vais voir un film, j'aime entendre la vraie voix des acteurs, pas celle de Joël Legendre, Anne Dorval, Alain Zouvi ou Hubert Gagnon; 2) je trouve les traductions de plus en plus « cheap » (mon dieu que les dialogues dans Insidieux étaient ridicules et manquaient de naturel) : des personnages qui se parlent dans un français
« international » totalement désincarné et ennuyant; et 3) je trouve souvent que l'humour ne se traduit pas. Je suis tombée sur Family guy en version française traduite au Québec : de quoi faire des cauchemars. Non seulement les voix sont atroces et les « jokes » mal traduites, mais en plus, on a essayé d'adapter ça à la « réalité » du Québec : au lieu de rire des personnalités américaines, on rit d'Alex Perron et cie... quoi?? Sommes-nous si insécures de notre identité qu'on ne peut même plus être en contact avec la « culture » américaine? À l'inverse, mettez les sous-titres anglais pendant que vous écoutez Kaamelott, « non mais c'est à se coincer les parties dans une porte » comme dirait le maître d'armes. L'humour, ça ne se traduit pas.

Même si les « jokes » deviennent plates...
Un ancien collègue m'a reproché mon amour des versions originales. Il en faisait un argument pour la cause séparatiste... Pour lui, j'étais une méchante antiséparatiste qui haïssait le français et voulait que l'anglais nous envahisse. En fait, j'écoute tout autant de films français, je n'aime juste pas les traductions. Si je parlais le suédois ou le serbe, j'écouterais les films d'Ingmar Bergman et d'Emir
Kusturica en versions originales également, mais il se trouve que je parle français et anglais et si je le peux, je vais choisir la version originale des films en anglais et ça n'a rien à voir avec mes opinions politiques.

Et moi qui pensais que d'avoir étudié en littérature et en linguistique était une preuve suffisante de mon amour pour le français...



mardi 17 septembre 2013

La qualité de la langue





Qui aurait cru que la Montreal, Main and Atlantic Railway allait être un sujet de discussion en linguistique? Un article que j'ai récemment lu sur le site de la SRC (http://blogues.radio-canada.ca/surleweb/2013/07/08/la-montreal-main-and-atlantic-railway-critique-sur-la-toile/) traite d'un communiqué de presse de la compagnie où la qualité du français est, pour ainsi dire, douteuse. Voici l'extrait rapporté par Radio-Canada :

« Alors que l’enquête publique de la cause de l’accident a largement empêché MMA de terminer sa propre enquête, un fait qui a émergé est la locomotive du train de pétrole garé à la Station Nantes a été fermé ultérieur au départ de l’ingénieur qui avait manipulé le train de Farnham, qui a pu avoir eu comme conséquence la libération des freins à air sur la locomotive qui jugeait le train en place. »
Qu'est-ce que phoque?

Ça me rappelle les
manuels d'instructions qui accompagnent les meubles à monter soi-même ou les étiquettes de vêtements
« cheap »... On a tendance à pardonner à ces deux derniers puisque leur importance est quelconque, on en rit, mais dans le cas d'une compagnie qui est dans l'eau bouillante comme la MMA, c'est presque de l'ordre du mauvais goût. On aurait pu espérer que les rédacteurs de la MMA, ou les traducteurs, se forcent un peu et envisagent l'impact d'un tel faux pas. Il ne s'agit pas ici « d'insérer le boulon en la vis » pour monter une table IKÉA, de « faire attention aux écrous » dans un sac de mélange du randonneur ou de « polir » une saucisse polonaise... Il s'agit d'une compagnie de trains, responsable d'une des pires tragédies ferroviaires, qui ne se force pas plus que ça pour s'expliquer dans un français
« correct ». Elle s'est reprise en corrigeant l'extrait, mais l'erreur est déjà faite et la crédibilité de la MMA (déjà mourante) en a pris un sacré coup.

La qualité de la langue n'est pas seulement l'enjeu de la traduction, elle l'est également de la communication dans notre langue maternelle, le français. Beaucoup de compagnies et surtout de sites Internet de compagnies (pour en avoir vus) ne passeraient pas leur épreuve uniforme de français. J'ai eu récemment à corriger un site dont les textes avaient été composés par les employés eux-mêmes. Ceux-ci croyaient que leurs textes seraient révisés avant que le tout ne se retrouve en ligne. Le propriétaire de la compagnie a remis les textes à la boîte créatrice du site en question en pensant lui aussi que les textes allaient être révisés avant que le site ne soit accessible... Et la compagnie a pris les textes en pensant que la révision avait déjà été faite, car elle n'a pas spécifié dans son offre de service que la révision linguistique n'était pas incluse, et les a mis en ligne. Je ne sais pas pendant combien de temps le site a été dans cet état avant qu'on fasse affaire avec moi, mais j'espère que le tout n'a pas fait trop de dommages.

N'oublions pas que lorsqu'on parle de qualité de la langue, on ne parle pas juste de l'orthographe. Un « s » oublié par-ci, par-là peut passer inaperçu, mais lorsqu'on parle de qualité de la langue, il est également question de la syntaxe. Imaginez une vingtaine de textes écrits par 10 personnes différentes qui n'ont aucune expérience en rédaction (car il ne s'agissait pas d'une boîte de communication, mais bien d'une compagnie qui œuvre dans le domaine de la santé) et qui ont oublié la notion de « relecture » en composition. Bref, il y avait des problèmes majeurs de syntaxe, sans oublier le manque total de conformité entre les textes, en plus des nombreuses fautes d'orthographe et de grammaire. Le tout était très difficile à lire. Et la cerise sur le gâteau a été qu'il y avait également des erreurs dans la structure même du site Internet : des onglets qui ne rapportaient pas à la bonne section, des pages en double, des erreurs dans les coordonnées de la compagnie et j'en passe. De quoi donner bien des maux de tête à un propriétaire de compagnie qui voulait se donner plus de visibilité en créant un site Internet.

Bref, on peut massacrer la langue comme on veut, mais celle-ci saura toujours se défendre en massacrant notre crédibilité...



jeudi 12 septembre 2013

De la carrière...




J'ai récemment perdu mon emploi; une première pour moi. Cette expérience difficile m'a poussée à repenser mon chemin de vie, jusqu'à présent plutôt tranquille, mais sans vrai objectif. À 31 ans, je ne peux pas dire que j'ai eu de vraie carrière. J'avais beaucoup espoir que celle-ci naîtrait chez mon dernier employeur.

J'ai commencé là comme tout le monde, avec une « job » plus ou moins intéressante, mais prometteuse, car tout le monde me disait « lorsque t'as un pied là, t'es bonne pour la vie ». Dans ce genre de compagnie, il n'est pas rare de voir quelqu'un monter les échelons, du simple emploi étudiant au professionnel et parfois même au gestionnaire. Et je me suis laissée porter par cette idée réconfortante sans trop me poser de question. Le sort a voulu que je fasse partie de cette génération de travailleurs qui portent fièrement le titre de « non permanents », un luxe que le monde du travail s'accorde pour mieux faire partie d'une société jetable. J'ai été un « kleenex » et je me suis sentie comme tel pendant plusieurs semaines après l'annonce de mon congédiement à la suite de coupures dans la compagnie.

Mais je ne suis pas un kleenex. Et mes années d'idéalisme insouciant du temps de mes études me sont revenues en pleine face : après l'université, je voulais être réviseure linguistique à mon compte. Il y a presque 10 ans de ça. Ce qui m'a arrêté? La peur de l'échec, car je vivais dans le monde disparu de mes parents, un monde où une femme de 22 ans commence une carrière d'enseignante dans une école et prend sa retraite 35 plus tard, sans jamais avoir changé d'école... C'est beau, j'ai grandi avec cet objectif de carrière, mais aujourd'hui je dois être réaliste : dans mon domaine d'études, la permanence ne doit plus faire partie de mon lexique.

La question du travail aujourd'hui, du manque de temps et du stress a souvent fait partie de mes réflexions et j'en suis venue à la conclusion suivante : je ne suis pas faite pour travailler pour les autres. Je ne peux pas dire que j'ai déjà été heureuse au travail. Je n'ai jamais eu ce sentiment d'appartenance ou cette fierté d'être l'employée de... et je me suis toujours sentie anormale de ce manque de motivation et de mobilisation.

Et si le monde du travail ne me convenait pas?
Si ce monde impersonnel où se côtoient le stress, les personnalités difficiles (mon dieu que ça ne me manque pas ça... ;), l'impuissance face aux choix des supérieurs, les horaires fixes et la routine n'étaient pas pour moi? Et si ce prosaïsme du 9 à 5, du lundi au vendredi, du trafic et du manque de sommeil me rendait malade? Dois-je nécessairement me conformer et faire mon temps en rêvant à ma retraite?

Ce n'est pas normal à 31 ans de rêver à la retraite... J'ai tant de choses à vivre encore, mais vivre ainsi ne me convient plus. Le travail autonome à été une véritable épiphanie. Pourquoi ne pas faire ce que j'ai envie de faire, i.e. de la révision linguistique, pour moi, chez moi, sans supérieur, sans collègue déplaisant?


Je suis récemment tombée, comme beaucoup d'autres, sur cette vidéo d'Ashton Kutcher, acteur qui m'est totalement indifférent, mais qui m'a beaucoup surprise par ses propos lors d'une remise de prix :

 


Ce qui a résonné à mes oreilles est l'idée de « construire sa vie », de ne plus vivre selon le modèle environnant, dans le moule. Mais je ne renierai pas non plus mon passé vécu selon ce modèle. Les postes que j'ai occupés m'ont beaucoup appris et m'ont permis d'acquérir une véritable expérience en tant que réviseure linguistique, expérience que je n'avais pas lorsque je suis sortie de l'université il y a 10 ans. Je n'ai donc aucun regret. Je vois ces 10 dernières années comme un énorme stage du monde du travail, où j'ai appris à me connaître et à reconnaître ce que je veux et ce que je ne veux plus. Comme dirait une amie, c'était l'occasion « to learn my craft ».

Après plusieurs mois de réflexion, j'ai décidé de me lancer et de devenir travailleuse autonome. Et j'ai également décidé de partager mon expérience, d'où ce blog...